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Les amateurs
à la recherche d'intelligence extra-terrestre

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Mardi, l'archimémoire affiche "de la tranquilité de l'âme". "La vague de spiritualité qui déferle sur ta ville semble tout emporter sur son passage" écrit Tanella Boni. La première fois que l'on m'a accusé de faire partie d'une secte, je fus aussi surprise que scandalisée. Je n'en ai pas dormi pendant deux semaines, d'autant que la question venait d'un journaliste de Ciel & Espace. J'ai donc perdu du temps et de l'énergie à expliquer que SETI, c'était avant tout une science, qu'il n'y avait pas plus de gourou que d'adeptes. L'article qui devait s'intituler "que se cache-t-il derrière SETI" s'est finalement transformé en gentil papier axé sur l'informatique du projet SETI@HOME (b).

Vous comprenez que je préfèrerais ne pas avoir à parler de tout cela et que j'ai conscience d'être dans le seul pays où le problème se pose. Mais ce fut réellement une découverte pour l'idéaliste que je suis, et comme tourner autour du pot n'a jamais rien changé à sa profondeur, il vaut mieux aborder de suite la question.

Les raisons qui me poussent à m'intéresser à la vie ET n'ont jamais rien eu de spirituel et ne sont pas liées à une crainte quelconque, mais plutôt à une curiosité, un besoin d'avoir une vision correcte de l'univers.

C'est pour cela que les OVNI ne m'intéressent pas, même si je respecte quelques personnes qui osent y croire en gardant assez de recul et d'objectivité.

Pendant l'été 1950, Enrico Fermi travaillait au laboratoire national de Los Alamos (c). En se rendant à la cantine avec trois autres physciens renommés, il discutait d'un dessin humoristique paru dans le New Yorker. Suite à une série de vols de poubelles à New York, le dessinateur avait représenté une soucoupe volante posée sur une autre planète avec des petits hommes verts tirant chacun un container de déchets.

Fermi demanda à Edward Teller, "qu'en pensez-vous, quelle est la probabilité que dans les dix prochaines années nous ayons la preuve de l'existence d'un objet se déplaçant plus vite que la vitesse de la lumière ?"

Teller hasarda : 1 sur 1 million et Fermi répondit que ce chiffre était bien trop faible, et que ce serait plutôt dans les 10%. La question s'arrêta là, puis ils prirent leur repas. Tout d'un coup Fermi se leva de table et s'écria "Mais où sont-ils ?" Cela déclancha un fou rire car étonnament, tout le monde compris qu'il était question d'extraterretres.

Imaginons en effet qu'un beau jour (d), pour une raison que nous ignorons, un extraterrestre décide de coloniser l'espace et que leur technologie leur permette uniquement de se déplacer à 1% de la vitesse de la lumière. En moyenne 500 ans plus tard, ils atteindront les étoiles les plus proches de la leur. Ils s'installent là et 500 ans plus tard repartent vers d'autres mondes. La vague de colonisation se déplace donc à 0,5% de la vitesse de la lumière. Comme la galaxie fait 100,000 années-lumière de diamètre, en 20 millions d'années, ils l'ont entièrement colonisée. Les plus vieilles étoiles ayant un milliard d'années, si au début de la vie de notre galaxie une civilisation avait décidé de la coloniser, ils devraient être partout maintenant. Voilà donc ce que l'on appelle le paradoxe de Fermi. Il n'est pas résolu, mais il devrait au moins nous permettre de dormir sur nos deux oreilles. Vous ne vous ferez pas enlever par un extraterrestre cette nuit ; il n'est pas nécessaire de souscrire une assurance contre le viol par un petit être gris ni d'acheter des baskets toute neuves pour embarquer dans le vaisseau que cachera la prochaine comète.


(b) Ciel & Espace, Décembre 1999

(c) Carl Sagan, a life in the Cosmos - William Poundstone

(d) Sharing the Universe - Seth Shostak


Auteur : Elisabeth Piotelat
Dernière modification le 15/11/03 à 19:44.
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